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(english version below)
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Fair Isle, une île habitée par les oiseaux
de mer qui y nichent par dizaines de milliers, quelques moutons
et une poignée d'humains à la recherche du calme,
à mi-chemin entre les îles Shetland et les orkades
(Orkney), est notre prochaine escale. Les nuits ont fait leur
apparition et malgré une lueur de jour au nord, la visibilité
est de plus en plus réduite, notamment quand le ciel
est bas. Nous redécouvrons l'usage des phares et du balisage
de nuit et notamment du feu à secteurs, fort utile pour
l'entrée dans le minuscule port-abri de Fair Isle, situé
au nord-est de l'île et peu protégé de la
houle. Il y a du ressac, la houle se brise bruyamment sur les
rochers de la côte et le bateau de liaison avec le 'continent'
est tiré hors de l'eau chaque soir en prévision
d'un fort coup de vent...
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Mais l'endroit est magique et l'on ressent l'éloignement
du monde. Après une courte nuit, nous mettons pied à
terre pour découvrir l'île qui fait à peine
5 km de long. De tous les cotés d'impressionnantes falaises
tombent à pic dans la mer et laissent imaginer la violence
des vagues dans ce passage à l'ouvert de l'Atlantique et
de la Mer du Nord, exposé aux tempêtes, courants et
marées.
Ces mêmes falaises donnent lieu à des nichoirs priviliégiés
des oiseaux de mer: pétrels, cormorans, macareux et guillemots
- tous peu farouches et laissant s'approcher et observer sans peur.
Nous sommes gâtées par des conditions météorologiques
idéales: le soleil est 'presque' au rendez-vous, la vue est
dégagée et nous permet d'apercevoir à la fois
les hautes falaises des Shetland au nord et les courbes arrondies
et très basses sur l'eau des Orkney à 40 milles au
sud-ouest.
En fin de journée, après une longe randonnée
à travers champs et bruyères, nous larguons les amarres,
cap sur les Orkney que nous entendons atteindre au petit matin.
Une nuit de navigation sans histoires nous amène dans l'archipel,
réputé pour ses forts courants marins qui traversent
les étroits passages entre les îles. Nous en profitons
pour tirer des bords à la voile en nous aidant du courant.
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Arrivée matinale à Kirkwall, capitale
de l'archipel avec ses ruelles piétonnes animées,
remplies de magasins et de monde, visite de la cathédrale
dont l'érosion de la molasse en dit long sur les vents,
et finalement de la distillerie 'Highland Park' qui produit
'en gros' pour 'The famous Groose' et des produits beaucoup
plus raffinés, longuement vieillis sur place qui font
l'unanimité de l'équipage.
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Le soir, nous larguons à nouveau les amarres pour une dernière
étape vers Inverness où nous débarquerons Vincent,
au grand regret de l'équipage car de concernt avec Salvatore,
la cuisine du bord atteint à nouveau des sommets gastronomiques...
qui dit qu'on mage mal à bord??
Il fait de plus en plus chaud et par moments nous avons encore
du mal à nous adapter à ces nouvvelles conditions.
il s'agit à présent de se protéger de la chaleur
(20°) mais aussi du soleil et bientôt des moucherons qui
ne tarderont pas de se manifester.
Inverness est aussi l'extrémité nord-est du canal
calédonien, voie naviguable mythique dont la construction
a été entrepris voici 2 siècles. Le canal utilise
un enchaînement de longs lacs (Loch Ness, Loch Oich, loch
Lochy) et permet aux embarquations de plaisance et bateaux de pêche
de relier en toute tranquilité la Mer du Nord avec l'Atlantique
en évitant un passage agité et éprouvant par
le nord de l'Écosse.
C'est aussi un parcours touristique qui permet de découvrir
l'intérieur de l'Écosse, ses forêts, châteaux,
brouillards, marécages et étonnantes forêts
de rhodendendron, en pleine fleur en cette fin juin.
Une fois acquitté la taxe de passage prohibitive, nous enchaînons
les écluses. C'est un style de navigation bien différent
de ce que connaît Imram, notre voilier, plus habitué
aux grans espaces sauvages et imprévisibles. Les tronçons
naviguables sont courts et les arrêts et attentes nombreuses.
Tout est réglé sur l'horaire d'ouverture des écluses
et des ponts levants - impossible d'improviser un rhythme comme
en mer.
Si par moments, nous ne pouvons nous empêcher de penser que
nous sommes tombés dans un piège à touristes,
nous réussissons tout de même à improviser nos
visites et excursions terrestres. Amarré au petit ponton
privé réservé aux promenades en bateau pendant
la journée, nous profitons du crépuscule pour la visite
du château d'Urquhart, en ruine. Les heures de visite sont
terminées depuis longtemps et nous foulons les ruines en
imaginant la vie du château il y à 5 ou 10 siècles.
Surprise, nous ne sommes pas seul à apprécier ce moment
du début de la nuit. Un petit groupe de filles décorées
de fleurs colorées se préparent pour une nuitée
druidique en dansant autour d'un feu.
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Le vent s'est levé, la lune qui est presque
pleine se cache par moments derrière les nuages qui filent
à toute allure et renvoie ses reflêts sur les vagues.
La légende du monstre nous semble peu probale et plutôt
sorti d'un prospectus touristique - Toutefois non sans apréhension,
Rob et moi tentons une baignade dans les eaux de couleur sombre
du Loch Ness: l'eau est très froide et à quelques
encablures 'Deepscan', le chalutier officiel de recherche du
monstre au nom du lac, tire des bords en passant pas dessus
bord des quantités impressionnantes de matériel
d'apparence scientifique...
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Après une nuit sans incident, nous décampons
avant l'arrivée des premiers visiteurs, sans laisser
de trace, ni plus que les filles druidiques de la soirée.
Nous gagnons le haut du Ness en tirant quelques bords serrés.
Ensuite nous escaladons les 5 écluses successives de
Fort Augustus. Pendant les 1h1/2 d'éclusage, nous sommes
l'attraction de la petite ville colorée. Si on nous aurait
jeté des cacahuètes, on n'aurait pas été
surpris. Et du spectacle, il y en a entre les dérives
d'imram en orage vif qui attirent les questionnements, son équipage
multiéthnique qui s'amuse et les manoeuvres imprévisibles
d'un voisin d'écluse qui visiblement confondait son bateau
avec une voiture! |
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Apres l'exitation d'un bon moment passé
en 'société', nous préférons un
mouillage loin de ce monde agité. Loch Oich nous semble
l'endroit rêvé. Ce petit lac est parsemé
d'ilôts et de hauts fonds couverts d'une épaisse
végétation de mélèzes, bouleaux,
pins, rhodendendron et des sous-bois sentant l'humidité
et la tourbe. Sans hésiter, nous amarrons Imram à
un petit ponton et partons aussitôt à pied, à
la découverte des environs. Le temps est stable. Malgré
quelques nuages menacents et des coups de tonnerre nous nous
armons pour une robinsonade sur une île au milieu du lac
où nous passerons une soirée mémorable
autour d'un feu de camp au milileu d'un petite clairière.
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L'endroit est enchanté: avec l'annexe gonflable nous traversons
un épais rideau de végétation avant de toucher
la terre ferme, à l'abri de tout regard. Sans tarder, nous
allumons un feu qui nous enrobe bientôt dans sa fumée
aux parfums de résine brulée, idéal pour griller
les quelques côtelettes d'agneau succulents.
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Après avoir sauté par dessus les
flammes, nous nous détendons sur les mousses épaisses
en regardant les braises du feu diminuer peu à peu, temps
de regagner le bord d'Imram - prêts pour de nouvelles
aventures ... histoire à suivre. |
English Version
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As expected, Fair Isle was our next port of call.
An amazing place of land, inhabited by tens of thousands of
sea birds, countless muttons and a few humans looking for a
different way of life. Halfway between the Shetland and the
Orkney islands we have reached it during our first real night
of navigation. The midnight sun is a far memory, brought back
by some vague red light to the North. The tiny entrance to the
bay where the semi-natural harbour of Fair Isle sits would have
been impossible without the three-coloured light "guiding"
us in amidst waves which made the light continuosly change from
white to red, with the rolling movements of the boat... something
to get you nervous thinking of the shoals and rocks all around
the entrance. |
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Eventually, we join calm waters and pay a visit to a doctor in
Maloy. The broken rib is painful, but not dangerous. We spend a
night in this harbour to make sure the fracture has no consequence
and next morning we motor toward Floro, in a gloomy and sometime
stormy weather. No way to sail in this fjords with almost-vertical
walls, which see sudden gusts of wind coming from all directions.
Toward the end of the day, Floro is in sight, with its towering
antenna of one of the last SSB radio stations still operational...for
how long? |
After a short night we set off to discover the island. Despite
its comparative small dimensions, 5km in the long side, it has lots
to offer. First, its scenery, from all sides, sheer rock faces fall
down to the sea and leave little to the imagination for what concerns
the violence of the North Sea swell and tides.
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At a closer look, these rock faces bear much more than the scars
of erosion: they are alive with tens of thousands of petrels, cormorans,
puffins and guillemots. They are not easily scared and they let
us crawl close to their quarters, to share their view from the cliffs.
And what a view, in the clear air we can see, at once, the sheer
and high coast of the Shetland and the lower, rounder, shapes of
the Orkney, our next target after a long day of waking in the fields,
over all the summits of Fair Isle, in company of a few cows and
many rabbits, in addition to the ubiquitous muttons and lamb, which
we fail to befriend. Maybe calling a small lamb "dinner"
is not the best way to have him follow you onboard... Before we
leave, a fair deal is stoke with some local fishermen, clearly impressed
by our Shetland courtesy flag. We barter some freshly-caught fish
for some Swiss chocolate.
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We soon cast off, and spend the night approaching
the Orkney Islands, negotiating the strong tidal streams of
the passages between the islands and finally arriving in Kirkwall
with the first light of dawn. It will be a short stop, mainly
meant to visit the cathedral, built out of pink sandstone, eroded
to fantastic shapes by the strong sea winds, and the Highland
Park whiskey distillery, the northermost of the world. A fast
shopping in the pretty tiny shops of the pedestrian streets
of Kirkwall follows and, alas, the evening is already upon us:
time to cast off again for the passage to Scotland. We aim straight
to Inverness, profiting of the favourable weather conditions
and trying to avoid the forecasted strong Southwesterly wind,
blowing straight into our nose, which would make our trip much
longer. |
A strange encounter on the way... a red light over a white light
under a flashing orange light... no light book is very helpful and,
after a while, a submarine of HM navy comes to say hallo to Imram,
she sails for a while to our starbord side, then we cross paths
and we are escorted for a while to the port side, before she leaves
for the open sea... no other remarkable facts before we moor in
Inverness.
Vincent leaves us, and instead of two cooks for five crew members,
we are now left with only Salvatore to cater for four of us... By
the way, who told that on a sailboat you've to eat badly? In the
last weeks, on-board freshly baked bread was definitly superior
to that on offer in some of the villages we crossed, lasagne and
pasta gratin were hearthy and filling, while smoked sausages with
vegetables, fish fillets with lemon and herbs, chili con carne,
pizzas and -of course- scottish breakfast all contributed to our
varied diet. Not to be forgotten are a chocolate cake and the tortillas
which, regularly, celebrate the end of longer sections at sea.
Unexpectedly for a late spring in Scotland, the weather is warmer
and warmer, and, after the winter of Tromso and the spring of the
south of Norway, we are fastly moving into Summer, with the thermometer
in the 20's, the need for sunscreen and, alas, mosquito repellent
for the fleece which inhabit the still waters of some boggy sections
of the scottish waterways.
Indeed, the next section of our trip will be quite incongrous for
a vessel as our Imram: the quiet waters of the Caledonian Canal
which, from Inverness, traverses all of Scotland till the Western
coast. A link from the North Sea to the Atlantic, built a century
and a half ago to spare vessels the passage around the bleak and
dangerous North coast of Scotland. After the white hues of Greenland
and Spitzberg, the gray colours of the Barents sea and the gray-blue
colours of the North Sea, an intoxicating green is all around Imram.
Its hull sees freshwater again, not the blue waters of Lake Geneva,
but the dark brown waters of Loch Ness, Oich and Lochy. Between
these three lakes, the channel cuts between typical countryside
with cottages, herd of muttons, country tracks and wonderful forests,
ruined castles, mystical mist, eerie swamps and almost incongrous
shining liliac and rhododhendrum flowers.
We do feel slightly ripped off by the otrageous passage fee, but
a lock after the other, we move on through this new rythm of locks
and swinging bridges, where the cars are stopped to let us pass.
A office-hour working schedule is imposed to clear these passage
and climb to the middle of Scotland first and descend to the sea
again later. We cannot follow our 24-hours rythm...and we are poised
to find a way to escape the tourist-trap atmosphere.
We go down a section of the Loch Ness with our colorful spinnaker,
reaching the Urquahart castle at sunset. The place, now empty, is
full of atmosphere and, squatting the private jetty of the tourist
tours, we go ashore and have the ruins all for us. Back to the boat,
we see the vessels of the Deepscan Project lowering vaguely scientific-looking
materials in the lake, looking for the monster, while Peter and
Rob go for a swim: did they trigger some alarm in the network of
sensors supposed to trap Nessie?
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After yet another gorgeous dinner, and after
another fair share of the Orkney wiskey we plan to finish before
calling at Oban for the local produce, we decide to visit the
castle again, this time in darkness, just with the light of
the moon reflected in the ripples of the wavelets of the lake.
We try to imagine what this place would have looked 5 or 10
centuries ago...and suddenly we are not alone: four ladies with
crown of flowers appear, and proceed to light a fire for some
mysterious druid ritual... |
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Early next morning we disappear from our mooring
leaving no trace of our passage, as the four druid girls of
the previous evening. We cannot stay around for much longer,
since the owner of the place will soon reclaim it, with his
boat-load of tourists. There is a bit of wind, and we gain Fort
Augustus with a nice series of short upwind tacks. In the village,
it takes us 1 and 1/2 hours to clear the 5 locks which bring
us up in the Loch Oich. We are the attraction of the village...
many day trippers enjoy the canalside restaurants and pubs to
see boats passing, and our Imram with its saffron daggerboards
-and its colorful spaghetti-eating inhabitants- are not the
classical boat which passes through the locks. The latter craft
is more of the kind of a neighbour of ours, which steers his
rented motorboat like a car, with the consequence you can imagine...
still, it is a treat to our ears to hear what the cool-blooded
inhabitants of these lands tell each other when a collision
between boats seems unavoidable. |
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After such an encounter with civilisation, albeit
enlighted by a visit to the shop of the multiple-award-winning
local butcher, we prefer to find a place far from it all. Loch
Oich is just perfect. A narrow lake, full of small islands and
shoals covered by a thick vegetation varying from rhododendron
to pine trees, passing through shrubs and swamps. We moor Imram
below the ruins of the Invergarry castle, which makes two castles
in two evenings, go figure this when our Arctic expeditions
were planned, and we set off to instead explore the surroundings.
A few thunderstorm clouds are in the sky but the weather is
roughly stable and we row our tender to a tiny island in the
middle of the lake. |
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After digestive activities involving jumping
across the flames, we lay down on the soft moss and wait for
the fire to slowly die down. We fully recovered our energies,
by now, and, back to our Imram, we are ready for some new adventures...
stay tuned! |
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