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(english version below)
Imram quitte Lerwick, la capitale des îles Shetland, une
petite ville très active implantée à l'abri
d'un port naturel de la côte ouest du Mainland.
La Norvège est déjà loin derrière,
dans le sillage, au-delà de l'horizon qui se fait à
nouveau plus accueillant.
Après avoir quitté Kristiansund, la route par la
mer nous attend avec vigueur: vent et houle rendent la progression
entre cailloux et hautfonds délicate. Tard le soir nous atteignons
Björnsund, un village de pêcheurs pittoresque construit
sur un archipel de cailloux et d'ilôts reliés par plusieurs
digues. L'entrée en suivant l'alignement entre les hauts-fonds
sur lesquels se brise la houle avec fracas est impressionnante.
Dès que nous arrondissons la passe, le calme revient enfin
et les équipiers qui dormaient sortent de leurs cabines.
La navigation à l'intérieur du port reste encore
délicate en raison des nombreux cailloux à fleur d'eau,
heureusement marqués chacun d'un piquet métallique
- endroit étonnant! Une fois amarré, les premiers
rayons du soleil levant inondent le port et éclairent les
maisons aux couleurs vives d'une lumière irréelle:
il est 1h du matin!
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S'ensuit une nuit reposante au calme du port, malgré un
vent qui soffle fort. Au matin, promenade de découverte du
phare, maintenant remplacé par un phare automatique, puis
du village qui ne manque pas de charme avec ses maisons en bois
aux décorations sophistiquées, témoins d'une
époque faste liée aux activitées de pêche.
Aujourd'hui, ce ne sont plus que des maisons d'été,
seulement habitées pendant les vacances. |
De retour à bord, nous larguons les amarres pour faire route
sur Aalesund, ville qui surprend par son architecture plus typique
de l'Europe centrale, en maçonnerie et très uniforme
d'un style art nouveau - reconstruit après un incendie dans
les années 1920. Nous trouvons un amarrage taillé
aux dimensions de notre bateau. Visite de la ville 'by night', nous
sommes 2h du matin, une fois de plus totalement décalés.
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A court de temps pour rejoindre Florö, nous
larguons les amarres aussitôt. Encore une fois, le Diesel
ronronne en nos poussant à travers des fjords profonds
que nous quittons au matin pour un passage obligé en
pleine mer pour arrondir Stattlandet, le cap le plus redouté
de la côte norvégienne pour les conditions de mer
difficiles et des fois dangereuses. Un projet prévoit
même la construction d'un tunnel pour cargos pour éviter
ce cap. |
>>> video mer forte (plus tard) |
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La mauvaise réputation n'est pas une légende. Un
vent du sud souffle en grand frais, par moments en coup de vent
et lève une mer forte qui rend la progression inconfortable.
Deux longs bord de près au 3ème ris et tourmentin
plus une côte cassée lors d'un violent coup de gite,
nous ramènent dans des eaux mieux abritées. La visite
chez le medecin de Maloy nous rassure - c'est une cassure douloureuse
mais heureusement sans autre conséquence. Par prudence nous
restons la nuit au port et repartons seulement le lendemain pour
la dernière étape vers Florö que nous effectuerons
au moteur; un régime humide et tempetueux nous empêche
de progresser efficacement à la voile dans les fjords aux
aux vents irréguliers qui tombent en fortes rafales des hautes
falaises. Le brouillard et la bruine empêchent toute visibilité
et nous longeons la côte de près pour nous repérer
et nous mettre un peu à l'abri du fort clapot contraire.
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En fin de journée, Florö est en vue, plus précisement
les antennes de la station radio qui reste une des dernières
en stations de liaison radio en fonction - encore pour combien de
temps? |
Plutôt que de nous mettre à quai de la petite ville
industrielle, nous préférons un mouillage façon
scandinave (ancre arrière + 2 aussières frappées
sur les rochers de la côte) pour y passer la nuit dans une
petite anse parfaitement abritée du vent dominant. La manoeuvre
est toujours laborieuse mais en vaut la peine. Nous pouvons débarquer
à même le rocher (opération toutefois délicate
avec une côte cassée) pour nous promener dans les bois
environnants, caractéristiques des pays nordiques: dalles
de granit couvertes d'épaisses mousses, bruyères,
sous-bois promettant une riche récolte de baies sauvages
à la fin de l'été... odeurs de tourbe et de
quelques moutons, heureux de brouter les herbes sauvages en toute
liberté. C'est un lieu magique dont la seule ombre au tableau
sont les quantités de déchêts qui jonchent la
petite plage... matériaux qui, s'ils ne sont pas nettoyés,
prendront des décennies, voir siècles à disparaître!
La fin de cette belle étape de 850 milles qui nous aura
amené de l'hiver au début du printemps, sera dignement
fêtée avec un copieux plat de pâtes aux oignons
et tomates-cerises et une bonne bouteille de rouge.
Le lendemain matin nous sommes réveillés par la sonnerie
du téléphone - Vincent nous attend déjà:
il faut admettre que le réseau de téléphonie
mobile est très éfficace. Route donc sur Florö,
à 2 milles, changement d'équipage: Barbara nous quitte;
Vincent embarque. Courses, douches et un dernier plein de gasoil
en prévision de la traversée vers les Shetland et
c'est parti.
Le vent est bon; secteur NW 4-5 Beaufort (>>> lien vers
la page http://www.sailworks.net/beaufort/beaufort.htm). Dès
que nous quittons l'abri des îles, la houle du large se fait
sentir. Nous grimpons et descendons des creux de plusieurs mètres
- des conditions 'idéales' pour s'amariner. Quoi qu'il en
soit, la météo est parfaite pour traverser et il ne
faut pas manquer une fenêtre favorable. Les quarts se suivent
et ne se ressemblent pas. A mi-chemin nous traversons les champs
de pétrole: de part et d'autre nous apercevons de nombreuses
platefomes de forage... et continuons notre route, poussés
par une belle brise qui nous permet de glisser à 8 noeuds
de moyenne vers notre but.
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Après l'émotion de quitter les latitudes arctiques,
c'est celle de baisser le drapeau de courtoisie norvégien
qui nous a accompagné depuis de nombreuses milles magiques:
Jan Mayen, Norvège, Spitzberg... Le soir arrive et bientôt
nous apercevons le phare d'entrée du port de Lerwik qui nous
guide par son secteur blanc. A minuit, heure du bord (UTC), nous
frappons nos aussières sur les taquets de notre voisin de
port, à couple en troisième position... 220 milles
nautiques et 28 heures sonnent le retour à la civilisation
... vieille ici de 3000 ans; les ruines de fortifications datant
de 1000 a.c. en sont une belle illustration. |
Au réveil, quelle surprise: nous apercevons "Lady-B"
et retrouvons l'équipage que nous avions rencontrés
l'année passée à Reykjavik. En fin de journée
"Nirvana"
et nos amis du Spitzberg entrent au port: parfois le monde est petit!
(http://www.synirvana.com/)
Les retrouvailles sont chaleureuses et on s'échange les nouvelles,
histoires, projets. Pendant ce temps, le ciel est des plus bas,
il pleut à l'horizontale, avis de coup de vent - nous attendons
l'accalmie. La situation météo semble complexe et
difficilement prévisible en raison des nombreuses dépressions
qui se déplacent dans des directions les plus exotiques.
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Cependant, le lendemain matin nous fait le cadeau d'un soleil radieux,
vent mollissant, les conditions idéales pour explorer les
environs et les îles par la voie terrestre en attendant la
marée pour continuer notre route vers Fair Isle, ilôt
à mi-chemin entre les Shetland et les Orkney. Avant de quitter
Lerwick, nous nous faisons appater par l'odeur d'un 'Fish and Chips',
plat culte qui sans doûte tire sa réputation de son
absence complet d'intérêt culinaire. Afin de prévenir
des troubles digestifs, nous complétons le repas par un coca
- indispensable! Ce repas autochtone sera consommé sur les
quais du port - un poisson agonisant brasse à la surface
de l'eau alors que les goélands semblent s'intéresser
à notre repas: nous le partagerons généreusement. |
Départ à 18h (heure du bord). Le vent est tombé.
En ce moment nous faisons route sur un inconfortable résidu
de houle du coup de vent de la veille... plus que 28 milles au cap
215° pour amarrer dans le petit port-abri de Fair Isle... on
vous racontera la suite de nos aventures parmi macareux, sternes,
moutons et cousins des lièvres (!) dans quelques jours.
English Version
Since a couple of hours Lerwick, the capital of the Shetland islands,
is behind us. A busy little place, sitting in a natural harbour
behind on the west coast of the main island, sheltered by a small
island frorm the ferocious attacks of the North Sea, which saw some
rest and recreation for Imram's tired crew.
On the other side of the North Sea, Norway is almost a memory by
now, lost behind the horizon. After the southward crossing of the
Polar Arctic Circle, a couple of day ago, we lived another emotional
moment. The Norwegian courtesy flag, which had been flying on Imram's
starbord lower shroud for so many days was lowered. Of a sudden,
we were reminded of how costant a presence it had been throughout
all our past adventures to Jan Mayen, Lofoten and Spitzberg and
the visit of the wonderful coastline of this country which has,
by now, a special place in our hearts.
But, let's go with some order through our recent adventures at
sea and at land.
We had left Kristiansund under a gloomy sky, suddenly broken by
some of those pirotechnical rainbows with which the norwegian sky
had spoiled us during the last weeks. A bumpy ride, threading between
sumberged rocks and threacherous shoals called for concentration
in navigating toward Björnsund, which we would reach at "nightfall".
The entrance in this idylliac fisherman village, built on a set
of islands about five miles off the mainland, required total confidence
in the alignement sitting on a hill: shoals, rocks, breaking waves...
you name it. There seemed to be no way in the promised land of a
protected bay we had been dreaming of after hours in the swell.
Suddenly, keeping those wooden panels right on top of each other,
precise helming brought us into a calm area. Even more care was
called for while looking for a mooring in the tiny harbour full
of rocks, each with its own stick on top to guide your course...
easy enough, provided you are a small fishing boat... it took no
less than eight places in the harbour visitor pontoon to properly
tie Imram down! After a hearthy meal, in our multi-star tradition
of board gastronomy, an irreal light shone through the strata of
cloud, saturating the reds of the fishermen huts... at 1am!
Despite the strong wind, we slept through a quiet night, and next
morning we explored the lighthouse and the village houses, which,
silently, told us old stories of the heydays of the fishing era.
The woodwork of many houses was amazing, as were their colours and
architecture. Today, many were converted to flashy summer houses,
still retaining, in the desert atmosphere of our walk, their charm.
We still had quite a few miles to cover in our southbound migration,
and the time came to move to Aalesund.
We reached this jewel in the crown of the norvegian costal towns
in the middle of the night, at 2am local time. It was unreal to
motor amidst buildings in the faint lights of penthouse apartments,
living rooms, and hotel rooms, into a canal, and moor directly in
the middle of the town. Its architecture is surprising, much more
typical of central Europe than of these latitudes, with an uniform
building style, which originates from the planned reconstruction
of the town in Art Nouveau style after it burned down in about 1920.
The town was all ours: we strolled its silent streets, and in the
twilight of the high-latitudes summer nights we climbed the steps
to the hill overlooking the complex structure of fjords and islands
in this region: a great view, giving a third dimension to the coastline
we had been following in the last hours.
>>> video of stormy sea (coming soon) |
|
It was a short stop: at 4am, after a drink, we are ready to move
South again to reach Floro on time. Fjord after fjord we reach the
open sea, to round Stattlandet, the most threacherous part of the
norvegian cost. With often bad weather, confused sea, strong wind.
Imagine that, this being a major compulsory passage for cargo ships,
a plan exists since a while to dynamite out an inland tunnel to
bypass it. Clearly enough, a gale warning reaches us on the Navtex
system and near gale and gale wind, blowing straight from the bay
behind the cape where we are aiming to, force us to take three reefs
in the main sail, hoist the storm jib, enjoy some trips to the bow
for the foredeck operations, which are a mix of a roller coaster
and a diving exercise, and, unfortunatly, endure a broken rib for
one of the crew members, following a violent heeling during Imram's
fight upwind. |
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Eventually, we join calm waters and pay a visit to a doctor in
Maloy. The broken rib is painful, but not dangerous. We spend a
night in this harbour to make sure the fracture has no consequence
and next morning we motor toward Floro, in a gloomy and sometime
stormy weather. No way to sail in this fjords with almost-vertical
walls, which see sudden gusts of wind coming from all directions.
Toward the end of the day, Floro is in sight, with its towering
antenna of one of the last SSB radio stations still operational...for
how long? |
We choose not to spend this last night in this oil town, but rather
anchor in a scandinavian way. A laborious operation, with the stern
anchor and two mooring lines from the bow, brought ashore and secured
to some rocks. It's worthwile. We can climb down from the boat (tricky
for the crew member with a broken rib) on a rock which the tide
has uncovered and go for a walk through the woods. Slabs of granite
covered in moss, birch and pine trees, inhabited by muttons and
some cattle. A magic place tainted by the rubbish which litter the
small beach where we are moored. Floro, in front, is an industrial
town and anything which, for a reason of the other, falls at sea,
will eventually find its way on those small islands...which are
not cleaned, and will then spend decades, if not centuries, here.
We celebrate the end of this leg with spaghetti with spring onions
and cherry tomatoes, honouring the spring that is all around us:
what a difference with the snowy and wintery Tromso we left 850
miles behind us in this exilarating trip along the norvegian coast.
Next day, a phone call from Vincent wakes us up. He's on the jetty
in Floro. Time to pick him up, fill the tank with fuel, get the
last pepper makarels we learnt to enjoy, say good by to Barbara
and start our crossing of the North Sea toward the Shetland Islands.
The wind is good, with 4-5Bf from NW. As soon as we are out of
the islands, the Atlantic swell appears again. We climb and descend
waves of 3-4 meters, "ideal" conditions to get used to
the sea... at any rate, those are very favourable conditions for
our passage. Hour after hour, watch after watch, the North sea is
crossed with the sometimes irreal flames on top of the oil rigs
scattered around our way. A reason more to be careful, since some
badly-marked, abandoned, rigs might be on our way. Imram is fast,
at an average speed of 8 knots Lerwik is soon sighted, after 28
hours to cover 220 miles. The night approach is helped by the lighthouse
of the harbours and at midnight board time (UTC) we pass our mooring
lines on the cleats of a boat, which is moored to another boat,
which is in turn moored to the harbour wall. A few hours later,
a fourth boat will moor to our cleats... a busy place.
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A bell tower
which reminds us of the big ben, english-style mansions lining the
harbour, windswept hills populated with goats, sheep, muttons and,
of course, the Shetland ponies: what a change of scenery with respect
to Norway. Still, these islands have seen millennia of civilisation,
as a crossroad of the North Sea. |
A small problem to solve: the courtesy flag to hoist on the starbord
shroud. After a quick inquiry with some people lining the streets
for an evening party, we understand that the UK red ensign is not
exactly favoured by the locals, albeit legally correct. The scottish
flag we were flying would be welcome but, best, to hoist the so-far-unknown-to-us
flag of the Shetland islands, which we would purchase the next morning.
Lerwik turned out to be an amazing focal point of our travel: we
met "Lady B" which we had met in Reykjavik and "Nirvana"
which we had met several times from the Lofoten to the Spitzberg...
(http://www.synirvana.com/)
clearly enough, those chance encounters were celebrated with enough
cappuccino (a new addition to the board menu), beer, wine, wiskey...
A nice way to spend our day, since the chaotic metereological situation,
with westward (!) moving low pressions, gale winds and horizontal
rain do not suggest the start of the next southward passage.
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Monday morning, a wonderful warm sun is shining, and invites us
to visit more of the islands, their ruins and scenery and even their
fish and chips... generously shared with the seagulls of the harbour. |
At 6pm board time, after a last small celebrative mooring at the
side of the Nirvana, it is time to leave, crossing to Fair Isle,
a bird heaven 28 miles in front of us... miles which are more and
more unconfortable over the swell which was created by the gale
winds of last days... Stay tuned: in a few days you'll know about
our visit to this secluded piece of land, ruled by rabbits, puffins
and muttons.
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