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2005
(english version below)
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A présent, Imram attend son nouveau démarreur, pièce
qui doit être livrée depuis le continent demain. Cette
pièce nous a foutue une terrible frayeur en commençant
d'abord à fumer, puis à bruler, juste à la
sortie du port de St. Mary's avant la traversée vers St.
Malo - notre dernière étape! |
Sur le coup, impossible de localiser précisement l'orgine
de l'odeur d'appareil électrique surchauffé, d'abord
discrètement, puis de plus en plus fort accompagné
d'une fumée blanche émanant de la sortie de ventilation
du compartiment moteur. Une bonne brise risque de nous drosser sur
les rochers de la côte à deux encablures (1 encablure
= 1/10 de mille = 185m) si le moteur venait à caler, à
moins qu'on envoie les voiles en un temps record. Demi-tour donc
et amarrage in extremis avant que le moteur ne cale - court-circuit
d'alimentation électrique.
Grosse frayeur mais petits dégâts seulement - heureusement
- le bobinage du démarreur a fondu ce qui nous met momentanément
en panne de moteur. Bien que manoeuvrants à la voile seule,
nous n'envisageons pas de nous engager entre les cailloux de la
côte bretonne à la voile seule, au cas où une
panne de vent survenait... Nous donc voici, 'cloués' sur
les îles Scilly, ce qui n'est pas pour déplaire car
l'endroit est charmant et cette attente nous permet de découvrir
les lieux entre promenades sur les îles (St. Mary's, Tresco,
St. Agnes) et visites des hauts lieux gastronomiques: pasties, cream
tea et stouts... Entre deux averses, le soleil est au rendez-vous:
du beau temps estival, temps à la baignade!
Revenons quelques jours en arrière:
Après une nuit confortable et silencieuse à Killary
Harbour (voir récit précédent), ce fjord irlandais
dont nous inspecterons brièvement les environs à pied,
nous larguons l'unique amarre qui nous relie à la bouée,
cap sur les Aran Island que nous atteignons à 2 heures du
matin, sous une voûte celeste étoilée magnifique
comme il n'y en a qu'en été aux basses latitudes.
Eh oui, après le soleil de minuit nous redécouvrons
la splendeurs des nuits estivales. A l'arrivée, nous nous
rendons à l'évidence que notre guindeau est hors d'usage,
apparamment un problème d'engrenage que nous ne pouvons résoudre
par les moyens du bord. Par chance des bouées d'amarrage
sont prévues.
Après un court sommeil et un copieux petit déjeuner,
nous partons à pied, visiter l'île dont le charme n'est
pas sans rappeler certaines îles méditerranéennes
par le soleil radieux, la brise chaude et le sol sec. Des centaines
de kilomètres de murets construits par des générations
structurent le paysage. Le sol est constitué de lapiaz, roche
calcaire érodée par le ruissellement de la pluie en
plaques séparées par de profondes crevasses, des fois
aux bords tranchants. Au fil du temps, les habitants ont bouché
ces failles et ont apporté algues et autres matières
organiques permettant de constituer une couche végétale
propice à l'épanouissement de l'herbe et du bétail.
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Malgré son austérité, ce
lieu est habité depuis la nuit des temps; de nombreux
sites préhistoriques étonamment bien conservés
sont les témoins d'une culture de 1000 à 2000
avant notre ère. Au bout d'une longue journée
de promenade sur des chemins rocailleux, nous retrouvons notre
camarade en alu et larguons aussitôt les amarres pour
continuer notre progression vers le sud.
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Certains leux privilégiés ne sont
accessibles qu'en bateau, ce qui n'a rien d'étonnant
car c'est aussi le plus ancien moyen de transport. Ainsi, au
petit matin Great Skellig apparaît comme prévu
devant notre étrave, du moins les 50 premiers mètres
car le reste est enrobé d'un stratus tenace et humide.
Au fur et au mesure que nous approchons, le relief des falaises
qui se dressent verticalement de la mer se dessinent plus clairement.
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Cette île verticale qui se trouve à
quelques milles de la terre abrite un monastère, aujourd'hui
abandonnée. Trois escaliers taillés dans la roche
de granit montent dans les nuages depuis les trois seuls points
de débarquement possibles. La force de la mer et l'ôdeur
iodée de l'écume sont omniprésents; la
houle se brise sur les pieds des falaises. Au fur et au mesure
que nous approchons, nous aperçevons le minuscule débarquadère,
mur maçonné de 12m de long contre lequel nous
accosterons malgré le ressac pour débarquer une
partie de l'équipage qui ira à la découverte
des lieux. |
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Nous nous trouvons précisément sur les traces de
ces moines qui s'exilaient sur des lieux invraisemblables en quête
de spiritualité et de paix, ces mêmes moines qui dans
cette quête ont 'découvert' de nombreuses îles
de l'Atlantique nord. La légende la plus vivante est l'Imrama
de Brendan, légende qui nous est rapportée du 5ème
siècle, histoire d'un voyage aventureux à travers
l'Atlantique nord d'un moine et de ses disciples qui leur fera découvrir
des lieux fascinants, lieux qui pourraient se rattacher au îles
Féroé, l'Islande, vraisemblablement la banquise arctique
et pêut être même le Groenland et Terreneuve -
un récit qui n'inspire pas seulement le nom de notre bateau:
Imram, mais aussi une partie du parcours de notre voyage, de notre
Imrama contemporaine.
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Malgré la présence des traces de
l'homme 'moderne', le lieu garde son mystère intact.
Le ciel reste bas et humide et ajoute à l'isolement du
lieu et au sentiment de désolation. Que devaient ressentir
ces hommes retirés en pareil lieu? Seulement un phare
tout en blanc, construit sous le plancher des nuages sur la
côte ouest qui regarde l'Atlantique et ses fréquentes
tempêtes interrompt la rigueur du rocher humide et couvert
de lichen. |
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Il est temps de récupérer nos amis
à 'terre' et nous glissons déjà autour
du SW de l'Irlande et ses caps et hauts fonds aux noms évocateurs:
Bull Rock, Mizen Head, Fastnet Rock... lieux où vents
et courants se rencontrent pour règner en maître,
la mer brise rapidement et les coups de vent sont fréquents.
La dernière escale irlandaise sera Crookhaven suivi d'une
longue glissade vers les îles Scilly suivis par une sérieuse
dépression que nous laissons dans notre sillage. |
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A peine 22 heures plus tard, nous frappons notre
aussière sur une des bouées du port encombré
de Hugh Town à St. Mary's, la capitale des îles
Scilly. Pour la deuxième fois nous coupons ainsi le sillage
d'Imram, souvenir d'une escale courte mais haute en couleurs
en 2003. |
A présent, il ne nous reste plus qu'à faire preuve
de patience en attendant l'arrivée de l'hélicoptère
avec le nouveau démarreur, ensuite le remonter et glisser
vers St. Malo. Ainsi la boucle sera bouclée: St. Malo - St.Malo
en 12'000 milles, 28 semaines d'une expérience et aventure
unique qui nous auront fait découvrir des lieux peu fréquentés,
nous faire prendre conscience de l'extraordinaire richesse, beauté
mais aussi fragilité du bassin atlantique arctique, terreau
aussi à de nouveaux rêves et projets - histoire à
suive... mais ce sera une autre histoire.
English Version
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Two days ago Imram had started the last leg of
her adventure and the plans for the future were pretty clear:
sail to St. Malo, the final destination of our trip. We cast
off the lines which kept us, somewhat, tied to the last of the
many islands visited over these three seasons: beautiful St.
Mary in the Scilly Islands, just at the western approach to
the English Channel. When at sea, though, plans and reality
sometimes do not overlap completely. |
Shortly after leaving our harbour mooring, there was a whiff of
something strange in the air. The first suspicion was an overheating
computer, but then we noticed that the engine exhaust was tainted
with unpleasant-looking white smoke. Now, as many a sailor saying
goes, boats are built to take the water, not the fire, and a fire
onboard is still the single most likely cause of (huge) troubles
at sea. This called for the engine to be stopped as soon as possible.
The situation was further complicated by a good breeze which pushed
us toward the rocks at two cables (which is about 350 meters) from
the shore. Time for fast decisions. We did not try to hoist the
sails at record speed and make it back for the harbour. While doing
so, the smoke got worse, which made it impossible to get to a mooring
buoy, as the engine had to be switched off there and then. We approached
and tied up to the local, sturdy, pilot boat, conveniently moored
at the entry of the bay. A pleasent engine exercise in settled weather,
but a nerve-wrecking experience with the engine shut off, using
just the residual speed of the boat, with an unpleasent swell to
make matters more tricky. After the succesful maneuvre, towing was
requested and obtained, and we reached our present position, tied
up to the last part of the quay of the harbour, which dries up twice
a day, in the local four-something meters of tide.
The experience was frightening, but the damages small. The failure
was localised in the starter motor. This means we cannot switch
it on again and, even though completely effective under sail, we
prefer to get this fixed before the crossing of the English Channel:
a sudden drop of wind close to the rocky shores of Brittany, known
for its currents, is not an experience we want to live.
Unfortunately, starter motors are not the easiest commodities to
come by on a Saturday afternoon on the Scillies. So here we are,
stuck half in and half out of the water, like a stranded whale.
Fortunately the weather is mainly gorgeous, and the comments of
tourists idling along the quayside ("Do you think they know
they're resting on the sea bed?" and "Lucky they've got
those orange boards on the side to stop the boat falling over!")
keep us amused. Most are convinced that Imram's design is revolutionary,
especially as the rudders had to be removed in the drying-out process
"But how on earth do you steer this boat - no wheel, no rudder??".
But, to complete our -last- logbook, let's start with the beginning.
After a comfortable and silent night in fjord-like Killary Harbour,
and a walk up the hills which border it, we set course toward the
Aran Islands, where we arrived at 2 am, after a very pleasent navigation
under a starry night. After having been spoiled by the midnight
sun, we are, little by little, as our latitude decrease, re-discovering
the pleasure of the summer nights. The arrival in Inishmore was
coloured by the discovery that we could not anchor, as the anchor
winch seemed to be out of order. Luckly, visitor mooring buoys were
available, which allowed us to land and discover, next day, this
strange place, which,
under the warm sun and warm wind, had a dry Mediterranean flavour.
Although just a few kilometres across, the island is criss-crossed
by hundreds of kilometers of dry walls, about a meter thick, built
hundreds of years ago. Their function is to create some soil to
allow some subsistence agriculture off the dry limestone of the
ground. Generation after generation, seaweed was collected, dried,
and placed with sand between the walls, giving, still now, a pasture
enjoyed by the rare sheep and cattle owned by those who did not
turn to the tourist industry.
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Indeed, the island boosts some forts dating back two or more millennia,
of whose original builders little is reallyknown, which attract
a large number of visitors, shepherded around by bike, minibus or
horse-drawn carts. Luckly, we have chosen the long way to visit
the island and profiting from the clement weather, we can follow,
and sometime climb, the cliffs of its side, a fantastic landscape
of sharp edges which have somewhat resisted the fury of the Atlantic
ocean since ever, or so it seems. It is a long walk which we enjoy
through most of the day and straight back to the boat we cast off
again: the weather will not stay this nice for ever and wisedom
suggests to clear the West coast of Ireland nowshould things turn
for the worse.
En route for the South we attempt a landing on Skellig Michael.
This tiny island, a few miles from the shore, is a magic place.
More than 200m high, and just few hundred meters across, it is capped
by a monastery, and nothing other than puffins, seagulls, gannets
and other marine birds. A stairway roughly cut into the rocks allows
us to climb the sheer and humid rock faces, reaching the tiny beehive
huts that hosted a few monks fifteen centuries ago and are now laid
to rest in a tiny, evocative, graveyard. This place survived Viking
raids, inclement weather, and each stone cut in place more than
a millenium ago seems to have seen many stories nobody will ever
tell.
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The only thing we see, approching the island shortly after sunrise,
is the first fifty or so meters of coast, since a thick layer of
cloud hides the rest in a mist which seems appropriate to this mystic
place. Some of us land, with a nerve-wrecking approach: the only
way to get on land is a natural bay which is only slightly larger
than Imram, and basically as long as she is, with things made more
difficult by some swell. A quick jump, and off we go to climb this
island clad in mist and history, while those on board, circling
the island, live an emotional moment, sort of an epiphany, realising
that Imram is now really in the waters and in the traces of her
namesake.
Nous nous trouvons précisément sur les traces de
ces moines qui s'exilaient sur des lieux invraisemblables en quête
de spiritualité et de paix, ces mêmes moines qui dans
cette quête ont 'découvert' de nombreuses îles
de l'Atlantique nord. La légende la plus vivante est l'Imrama
de Brendan, légende qui nous est rapportée du 5ème
siècle, histoire d'un voyage aventureux à travers
l'Atlantique nord d'un moine et de ses disciples qui leur fera découvrir
des lieux fascinants, lieux qui pourraient se rattacher au îles
Féroé, l'Islande, vraisemblablement la banquise arctique
et pêut être même le Groenland et Terreneuve -
un récit qui n'inspire pas seulement le nom de notre bateau:
Imram, mais aussi une partie du parcours de notre voyage, de notre
Imrama contemporaine.
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t must be remembered that these monks escaped
the dark centuries of European history, seeking exile in sites
hard to imagine, like Skellig Michael, or rather matching their
inner quest for peace with the search for new lands, "discovering"
many of the islands of the North Atlantic. The most fascinating
tale, which we dare not call either legend or history, is the
Imrama Sancti Brandani. It dates back to the fifth century,
a contemporary of the tiny beehive cells of Skellig Michael. |
It is the history of an adventurous travel across the North Atlantic
of a monk, Brendan, and his followers, through fascinating sites
which we could identify with the Faroe Islands, Iceland, maybe the
Arctic ice shelf or even Greenland or Newfoundland. It is indeed
from this tale that Imram (which has the meaning of 'to row about')
takes her name, and our trip around the island of the North Atlantic
takes its inspiration. Travels into the mysteries, something that,
in front of the stairways into the mist which still clads the top
of Skelling Michael, sends chills down your spine.
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Another tricky approach to the island allows
to recover the rest of the crew, the sails are hoisted again,
and we go to peek at Little Skelling, just in front of Skellig
Michael, home to twenty thousand gannets. In some places, we
can hardly see the rock below this living mass of feathers,
screeches, landings and take-offs. A long navigation brings
us through mythical names of this part of sea: Bull Rock, Mizen
Head, Fastnet. A short stop in Crookhaven to say good-bye to
Ireland is followed by another long glide to the Scilly Islands,
which we reach in less than a day. Again, Imram crosses her
2003 route. |
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We have to give proof of patience, now, while
waiting the helicopter-delivery of this spare part. Meanwhile
the scones with jam and double clotted cream and the local pubs
help us waiting, as does the beautiful scenery of the islands.
Rocks exposed to the swell and the storms of the Atlantic, little
coves with sub-tropical vegetation, shrubs which fight to survive
in the strong wind, ruins of castles which tell a long history
of the strategic importance of these places, and impressive
sights like the towering lighthouse on Bishop Rock. |
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Soon, our engine will be operational again, and we will eventually
set sail toward St. Malo. Once there, our trip will be over, this
time for good. We will have covered, from St. Malo to St. Malo,12000
miles. An adventure of 28 weeks over three years, which changed,
somewhat our lives. We had the privilage of discovering little-visited
places of the North Atlantic. We experienced a harsh, sometimes
threathening, yet fragile, environment. We sailed in the traces
of generations of explorers, who, from the sea, saw and explored
these lands over centuries. However, the end of this extraordinary
adventure is the just the start for new dreams. We are confident
that these dreams will soon turn into projects and, eventually,
other stories which await to be told.
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