Etape Bergen - Shetlands (Lerwick)
(dimanche 27 juillet- mardi 29 juillet 2008)

Les "coupables": Christine, Peter, Jean-Luc

Après le départ de l'équipage familial de Peter qui va retrouver l'été de l'Europe centrale au pied du Jura, Jean-Luc et Christine posent leurs bagages à bord. C'est avec grand plaisir qu'ils retrouvent Imram qu'ils avaient quittés à la fin d'une magnifique étape au Spitzberg 4 années plus tôt.

Au revoir, Bergen

Les amarres vite larguées sous un soleil radieux et une température méditerranéenne, les premiers milles de navigation nous conduisent vers une pompe à gazole pour faire le plein en vue de la traversée vers les îles Shetland, à 200 milles de Bergen. Comme nous sommes dimanche, beaucoup de magasins sont fermés. Finalement nous trouvons notre bonheur juste sous le grand pont, dans une station service pour bateaux, dans une zone industrielle abandonnée. Après avoir pataugé dans un mélange de cambouis mélangée à du sable et de la poussière - JL a failli y laisser ses beaux 'crocs' verts tout neufs - Imram, la quille remplie de fioul, est enfin prêt pour la nouvelle étape qui doit nous amener sur les îles Shetland.

Nous naviguons tout l'après-midi en tirant des bords dans les bucoliques bras de mer au nord de Bergen, bordés de petits chalets multicolores où il doit faire bon vivre.

Les habitants jouent aux lézards sur le granit chauffé par le soleil, les enfants plongent dans une eau cristalline. Christine inaugure sa nouvelle ligne de pêche à la traîne pour attraper aussitôt un joli maquereau. Nous pensons d'abord qu'il s'agit d'un pur hasard; eh non, quelques minutes plus tard un 2ème, puis 3ème.... assez pour un apéritif de filets marinés au citron, à manger avec une bière refroidie dans la cale: miam!

Coucher de soleil, à minuit

Nous naviguerons ainsi jusqu'à minuit sous un magnifique coucher de soleil et lever de lune pour nous arrêter sur un petit archipel au bord de l'océan, à une trentaine de milles au nord de Bergen.

Le lendemain matin, nous mettons à profit le calme pour réparer la fuite de gazole sur le moteur qui nous empoisonne de vapeurs peu agréables.

Réparation d'une fuite de GO avant la traversée

Pas un souffle de vent. Nous partons quand même, cap sur les Shetland, sûrs de devoir tout faire au moteur. Que non. Après 1h de bruit et de vacarme, nous décidons d'envoyer le spi - il restera en l'air pendant les 22h suivantes pour nous nous pousser à bonne allure sur une mer d'huile parcourue de risées dignes du Léman estival.

Traversée de la Mer du Nord: risées lacustres et 22h de Spi...

La nuit tombée, nous traversons le gisement de pétrole de Troll. Tout autour de nous brillent des plateformes éclairées comme des sapins de noël. A un moment, nous en dénombrerons 20 autour de nous! Certaines crachent du feu comme des monstres, d'autres grâce à leurs groupes électrogènes ronronnent et d'autres encore sont juste là, sans plus. Un premier champ de plateformes  à peine traversé d'autres apparaissent déjà à l'horizon.
Ces monstres d'acier bruyants et fumants sont à l'image du désastre de la spoliation des ressources, si précieuses, de notre si belle planète. En parcourant ces centaines de milles à la voile, sans effort, sans bruit, et en observant en direct les ressources énergétiques potentielles renouvelables à l'infini : soleil, vent, houle, courants marins... nous mesurons à quel point nous sommes encore peu avancés dans la recherche et l'exploitation de solutions énergétiques non polluantes. De même que l'acceptation de composer avec les éléments et pas seulement selon notre volonté. Cette traversée de la mer du Nord sous le signe du pétrole nous laisse un sentiment de malaise...

Tandis que les plateformes arrêtent notre pensée quelques instants, Imram avance lentement sur une mer lisse comme un miroir qui s'étend vers l'horizon, le soleil chauffe le pont et les corps, nous cherchons refuge dans le carré pour nous en protéger après avoir tenté un point au sextant.

Christine au sextant, première leçon

Les quarts passent, la vitesse oscille entre 2 et 5 noeuds.
Et finalement, le soir, une petite brise s'installe qui permet à Imram de vite rattraper le retard des premiers jours en filant à toute allure. La 2ème nuit en mer est à peine achevée que les premiers phares de la côte Est des Shetlands émergent de l'horizon. Entretemps le vent à fraîchi et nous fonçons sur Lerwick à 8-10 neuds, la capitale des îles ... où nous amarrons nos aussières à 3h du matin. Bonne nuit!

Vieux port de Lerwick, Shetland

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