18 juin 2005 - Caledonian Canal / Loch Lochy - 56°55'N 4°59'W


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(english version below)

Fair Isle, une île habitée par les oiseaux de mer qui y nichent par dizaines de milliers, quelques moutons et une poignée d'humains à la recherche du calme, à mi-chemin entre les îles Shetland et les orkades (Orkney), est notre prochaine escale. Les nuits ont fait leur apparition et malgré une lueur de jour au nord, la visibilité est de plus en plus réduite, notamment quand le ciel est bas. Nous redécouvrons l'usage des phares et du balisage de nuit et notamment du feu à secteurs, fort utile pour l'entrée dans le minuscule port-abri de Fair Isle, situé au nord-est de l'île et peu protégé de la houle. Il y a du ressac, la houle se brise bruyamment sur les rochers de la côte et le bateau de liaison avec le 'continent' est tiré hors de l'eau chaque soir en prévision d'un fort coup de vent...

Mais l'endroit est magique et l'on ressent l'éloignement du monde. Après une courte nuit, nous mettons pied à terre pour découvrir l'île qui fait à peine 5 km de long. De tous les cotés d'impressionnantes falaises tombent à pic dans la mer et laissent imaginer la violence des vagues dans ce passage à l'ouvert de l'Atlantique et de la Mer du Nord, exposé aux tempêtes, courants et marées.

Ces mêmes falaises donnent lieu à des nichoirs priviliégiés des oiseaux de mer: pétrels, cormorans, macareux et guillemots - tous peu farouches et laissant s'approcher et observer sans peur.

Nous sommes gâtées par des conditions météorologiques idéales: le soleil est 'presque' au rendez-vous, la vue est dégagée et nous permet d'apercevoir à la fois les hautes falaises des Shetland au nord et les courbes arrondies et très basses sur l'eau des Orkney à 40 milles au sud-ouest.

En fin de journée, après une longe randonnée à travers champs et bruyères, nous larguons les amarres, cap sur les Orkney que nous entendons atteindre au petit matin. Une nuit de navigation sans histoires nous amène dans l'archipel, réputé pour ses forts courants marins qui traversent les étroits passages entre les îles. Nous en profitons pour tirer des bords à la voile en nous aidant du courant.

Arrivée matinale à Kirkwall, capitale de l'archipel avec ses ruelles piétonnes animées, remplies de magasins et de monde, visite de la cathédrale dont l'érosion de la molasse en dit long sur les vents, et finalement de la distillerie 'Highland Park' qui produit 'en gros' pour 'The famous Groose' et des produits beaucoup plus raffinés, longuement vieillis sur place qui font l'unanimité de l'équipage.

Le soir, nous larguons à nouveau les amarres pour une dernière étape vers Inverness où nous débarquerons Vincent, au grand regret de l'équipage car de concernt avec Salvatore, la cuisine du bord atteint à nouveau des sommets gastronomiques... qui dit qu'on mage mal à bord??

Il fait de plus en plus chaud et par moments nous avons encore du mal à nous adapter à ces nouvvelles conditions. il s'agit à présent de se protéger de la chaleur (20°) mais aussi du soleil et bientôt des moucherons qui ne tarderont pas de se manifester.

Inverness est aussi l'extrémité nord-est du canal calédonien, voie naviguable mythique dont la construction a été entrepris voici 2 siècles. Le canal utilise un enchaînement de longs lacs (Loch Ness, Loch Oich, loch Lochy) et permet aux embarquations de plaisance et bateaux de pêche de relier en toute tranquilité la Mer du Nord avec l'Atlantique en évitant un passage agité et éprouvant par le nord de l'Écosse.

C'est aussi un parcours touristique qui permet de découvrir l'intérieur de l'Écosse, ses forêts, châteaux, brouillards, marécages et étonnantes forêts de rhodendendron, en pleine fleur en cette fin juin.

Une fois acquitté la taxe de passage prohibitive, nous enchaînons les écluses. C'est un style de navigation bien différent de ce que connaît Imram, notre voilier, plus habitué aux grans espaces sauvages et imprévisibles. Les tronçons naviguables sont courts et les arrêts et attentes nombreuses. Tout est réglé sur l'horaire d'ouverture des écluses et des ponts levants - impossible d'improviser un rhythme comme en mer.

Si par moments, nous ne pouvons nous empêcher de penser que nous sommes tombés dans un piège à touristes, nous réussissons tout de même à improviser nos visites et excursions terrestres. Amarré au petit ponton privé réservé aux promenades en bateau pendant la journée, nous profitons du crépuscule pour la visite du château d'Urquhart, en ruine. Les heures de visite sont terminées depuis longtemps et nous foulons les ruines en imaginant la vie du château il y à 5 ou 10 siècles. Surprise, nous ne sommes pas seul à apprécier ce moment du début de la nuit. Un petit groupe de filles décorées de fleurs colorées se préparent pour une nuitée druidique en dansant autour d'un feu.

Le vent s'est levé, la lune qui est presque pleine se cache par moments derrière les nuages qui filent à toute allure et renvoie ses reflêts sur les vagues. La légende du monstre nous semble peu probale et plutôt sorti d'un prospectus touristique - Toutefois non sans apréhension, Rob et moi tentons une baignade dans les eaux de couleur sombre du Loch Ness: l'eau est très froide et à quelques encablures 'Deepscan', le chalutier officiel de recherche du monstre au nom du lac, tire des bords en passant pas dessus bord des quantités impressionnantes de matériel d'apparence scientifique...

Après une nuit sans incident, nous décampons avant l'arrivée des premiers visiteurs, sans laisser de trace, ni plus que les filles druidiques de la soirée. Nous gagnons le haut du Ness en tirant quelques bords serrés. Ensuite nous escaladons les 5 écluses successives de Fort Augustus. Pendant les 1h1/2 d'éclusage, nous sommes l'attraction de la petite ville colorée. Si on nous aurait jeté des cacahuètes, on n'aurait pas été surpris. Et du spectacle, il y en a entre les dérives d'imram en orage vif qui attirent les questionnements, son équipage multiéthnique qui s'amuse et les manoeuvres imprévisibles d'un voisin d'écluse qui visiblement confondait son bateau avec une voiture!

Apres l'exitation d'un bon moment passé en 'société', nous préférons un mouillage loin de ce monde agité. Loch Oich nous semble l'endroit rêvé. Ce petit lac est parsemé d'ilôts et de hauts fonds couverts d'une épaisse végétation de mélèzes, bouleaux, pins, rhodendendron et des sous-bois sentant l'humidité et la tourbe. Sans hésiter, nous amarrons Imram à un petit ponton et partons aussitôt à pied, à la découverte des environs. Le temps est stable. Malgré quelques nuages menacents et des coups de tonnerre nous nous armons pour une robinsonade sur une île au milieu du lac où nous passerons une soirée mémorable autour d'un feu de camp au milileu d'un petite clairière.

L'endroit est enchanté: avec l'annexe gonflable nous traversons un épais rideau de végétation avant de toucher la terre ferme, à l'abri de tout regard. Sans tarder, nous allumons un feu qui nous enrobe bientôt dans sa fumée aux parfums de résine brulée, idéal pour griller les quelques côtelettes d'agneau succulents.

Après avoir sauté par dessus les flammes, nous nous détendons sur les mousses épaisses en regardant les braises du feu diminuer peu à peu, temps de regagner le bord d'Imram - prêts pour de nouvelles aventures ... histoire à suivre.


English Version

 

 

As expected, Fair Isle was our next port of call. An amazing place of land, inhabited by tens of thousands of sea birds, countless muttons and a few humans looking for a different way of life. Halfway between the Shetland and the Orkney islands we have reached it during our first real night of navigation. The midnight sun is a far memory, brought back by some vague red light to the North. The tiny entrance to the bay where the semi-natural harbour of Fair Isle sits would have been impossible without the three-coloured light "guiding" us in amidst waves which made the light continuosly change from white to red, with the rolling movements of the boat... something to get you nervous thinking of the shoals and rocks all around the entrance.

Eventually, we join calm waters and pay a visit to a doctor in Maloy. The broken rib is painful, but not dangerous. We spend a night in this harbour to make sure the fracture has no consequence and next morning we motor toward Floro, in a gloomy and sometime stormy weather. No way to sail in this fjords with almost-vertical walls, which see sudden gusts of wind coming from all directions. Toward the end of the day, Floro is in sight, with its towering antenna of one of the last SSB radio stations still operational...for how long?

After a short night we set off to discover the island. Despite its comparative small dimensions, 5km in the long side, it has lots to offer. First, its scenery, from all sides, sheer rock faces fall down to the sea and leave little to the imagination for what concerns the violence of the North Sea swell and tides.

At a closer look, these rock faces bear much more than the scars of erosion: they are alive with tens of thousands of petrels, cormorans, puffins and guillemots. They are not easily scared and they let us crawl close to their quarters, to share their view from the cliffs. And what a view, in the clear air we can see, at once, the sheer and high coast of the Shetland and the lower, rounder, shapes of the Orkney, our next target after a long day of waking in the fields, over all the summits of Fair Isle, in company of a few cows and many rabbits, in addition to the ubiquitous muttons and lamb, which we fail to befriend. Maybe calling a small lamb "dinner" is not the best way to have him follow you onboard... Before we leave, a fair deal is stoke with some local fishermen, clearly impressed by our Shetland courtesy flag. We barter some freshly-caught fish for some Swiss chocolate.

We soon cast off, and spend the night approaching the Orkney Islands, negotiating the strong tidal streams of the passages between the islands and finally arriving in Kirkwall with the first light of dawn. It will be a short stop, mainly meant to visit the cathedral, built out of pink sandstone, eroded to fantastic shapes by the strong sea winds, and the Highland Park whiskey distillery, the northermost of the world. A fast shopping in the pretty tiny shops of the pedestrian streets of Kirkwall follows and, alas, the evening is already upon us: time to cast off again for the passage to Scotland. We aim straight to Inverness, profiting of the favourable weather conditions and trying to avoid the forecasted strong Southwesterly wind, blowing straight into our nose, which would make our trip much longer.

A strange encounter on the way... a red light over a white light under a flashing orange light... no light book is very helpful and, after a while, a submarine of HM navy comes to say hallo to Imram, she sails for a while to our starbord side, then we cross paths and we are escorted for a while to the port side, before she leaves for the open sea... no other remarkable facts before we moor in Inverness.

Vincent leaves us, and instead of two cooks for five crew members, we are now left with only Salvatore to cater for four of us... By the way, who told that on a sailboat you've to eat badly? In the last weeks, on-board freshly baked bread was definitly superior to that on offer in some of the villages we crossed, lasagne and pasta gratin were hearthy and filling, while smoked sausages with vegetables, fish fillets with lemon and herbs, chili con carne, pizzas and -of course- scottish breakfast all contributed to our varied diet. Not to be forgotten are a chocolate cake and the tortillas which, regularly, celebrate the end of longer sections at sea.

Unexpectedly for a late spring in Scotland, the weather is warmer and warmer, and, after the winter of Tromso and the spring of the south of Norway, we are fastly moving into Summer, with the thermometer in the 20's, the need for sunscreen and, alas, mosquito repellent for the fleece which inhabit the still waters of some boggy sections of the scottish waterways.

Indeed, the next section of our trip will be quite incongrous for a vessel as our Imram: the quiet waters of the Caledonian Canal which, from Inverness, traverses all of Scotland till the Western coast. A link from the North Sea to the Atlantic, built a century and a half ago to spare vessels the passage around the bleak and dangerous North coast of Scotland. After the white hues of Greenland and Spitzberg, the gray colours of the Barents sea and the gray-blue colours of the North Sea, an intoxicating green is all around Imram. Its hull sees freshwater again, not the blue waters of Lake Geneva, but the dark brown waters of Loch Ness, Oich and Lochy. Between these three lakes, the channel cuts between typical countryside with cottages, herd of muttons, country tracks and wonderful forests, ruined castles, mystical mist, eerie swamps and almost incongrous shining liliac and rhododhendrum flowers.

We do feel slightly ripped off by the otrageous passage fee, but a lock after the other, we move on through this new rythm of locks and swinging bridges, where the cars are stopped to let us pass. A office-hour working schedule is imposed to clear these passage and climb to the middle of Scotland first and descend to the sea again later. We cannot follow our 24-hours rythm...and we are poised to find a way to escape the tourist-trap atmosphere.

We go down a section of the Loch Ness with our colorful spinnaker, reaching the Urquahart castle at sunset. The place, now empty, is full of atmosphere and, squatting the private jetty of the tourist tours, we go ashore and have the ruins all for us. Back to the boat, we see the vessels of the Deepscan Project lowering vaguely scientific-looking materials in the lake, looking for the monster, while Peter and Rob go for a swim: did they trigger some alarm in the network of sensors supposed to trap Nessie?

After yet another gorgeous dinner, and after another fair share of the Orkney wiskey we plan to finish before calling at Oban for the local produce, we decide to visit the castle again, this time in darkness, just with the light of the moon reflected in the ripples of the wavelets of the lake. We try to imagine what this place would have looked 5 or 10 centuries ago...and suddenly we are not alone: four ladies with crown of flowers appear, and proceed to light a fire for some mysterious druid ritual...

Early next morning we disappear from our mooring leaving no trace of our passage, as the four druid girls of the previous evening. We cannot stay around for much longer, since the owner of the place will soon reclaim it, with his boat-load of tourists. There is a bit of wind, and we gain Fort Augustus with a nice series of short upwind tacks. In the village, it takes us 1 and 1/2 hours to clear the 5 locks which bring us up in the Loch Oich. We are the attraction of the village... many day trippers enjoy the canalside restaurants and pubs to see boats passing, and our Imram with its saffron daggerboards -and its colorful spaghetti-eating inhabitants- are not the classical boat which passes through the locks. The latter craft is more of the kind of a neighbour of ours, which steers his rented motorboat like a car, with the consequence you can imagine... still, it is a treat to our ears to hear what the cool-blooded inhabitants of these lands tell each other when a collision between boats seems unavoidable.

After such an encounter with civilisation, albeit enlighted by a visit to the shop of the multiple-award-winning local butcher, we prefer to find a place far from it all. Loch Oich is just perfect. A narrow lake, full of small islands and shoals covered by a thick vegetation varying from rhododendron to pine trees, passing through shrubs and swamps. We moor Imram below the ruins of the Invergarry castle, which makes two castles in two evenings, go figure this when our Arctic expeditions were planned, and we set off to instead explore the surroundings.
A few thunderstorm clouds are in the sky but the weather is roughly stable and we row our tender to a tiny island in the middle of the lake.

After digestive activities involving jumping across the flames, we lay down on the soft moss and wait for the fire to slowly die down. We fully recovered our energies, by now, and, back to our Imram, we are ready for some new adventures... stay tuned!

 

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