La brume se lève enfin, nous laissant apercevoir les côtes
d'Isfjord au fond duquel se cache la ville de Longyearbyen, terme
de cette grande étape d'Imram. Nous naviguons enfin sans
devoir équarquiller les yeux à deviner d'éventuels
obstacles invisibles au radar. Un agréable vent de force
3 nous propulse tranquillement dans des eaux glacées du fjord.
La houle est terminée et chacun est plongé soit dans
ses lectures, soit dans un sommeil profond, ou dans des discussions
bien au chaud dans la timonerie. Le pilote automatique ne nécessite
que quelques menues adaptations de cap et les voiles sont bien réglées.
Longyearbyen est bientôt en vue....
Björnöya - L'île de l'ours -
(c) Norsk Polarinstitut
Les derniers jours ont été riches en moments d'émotion
et de contemplation d'une nature sauvage encore (presque) intacte.
A commencer par un accostage à Björnöya (l'île
de l'ours) à mi chemin entre le Cap Nord et le Spitzberg.
La recherche d'un mouillage praticable sur cette île sauvage
(population 5 personnes) n'a pas été sans difficultés
mais Peter, avec un flair digne de l'ours polaire, a réussi
à dénicher une petite baie tranquille où l'équipage
a pu se restaurer copieusement au calme d'un mouillage bien protégé.
Cette île, impressionnante par la sauvagerie de ses falaises
et les nombreuses colonies d'oiseaux qui y nichent nous a donné
une impression de bout du monde..... Une petite excursion à
terre avec découverte de vestiges d'une activité minière
a été réalisée par une partie de l'équipage
alors que les autres gardaient le bateau et profitaient de récupérer
des fatigues des derniers jours.
Les longues heures des quarts rythmant notre vie à bord
passées le plus souvent à scruter la brume et à
lutter contre le froid humide nous ont gratifiées de moments
inoubiables telles la rencontre avec une baleine qui a majestueusement
plongé à quelques encablures du bateau, la rencontre
avec des phoques surpris d'être dérangés dans
leur interminalbe quête de nourriture, le spectacle incessant
des nombreuses espèces d'oiseaux (pétrels, mouettes
tridactyles, mergules etc..) plongeant ou s'envolant à notre
approche. Alternance de vent force 4-5 avec des moments de calme
où le moteur doit malheureusement prendre le relais....
Hier matin, première vision du Spitzberg dans Hornsund,
premier fjord qui entaille la côte ouest du Spitzberg en venant
du Sud: vision surréaliste d'une terre se laissant deviner
dans un écran de brume alors que nous slalomions au radar
parmi growlers et floes émergeant les uns après les
autres de nulle part.
Une tentative de visite du fond de Horsund se solde par un échec
en raison de la présence de la glace très dense nous
barrant la route (3-4/10). Nous avons toutefois pu admirer de près
ces magnifiques et impresionnantes sculptures de glace dérivant
a gré des courants et du vent et un trop court instant la
vision d'un puissant front glaciaires très crevassé
se jetant dans la mer a fait le bonheur de nos yeux. Le retour vers
la sortie du fjord fût assez difficile en raison de glaces
dérivantes nous laissant difficilement deviner les passages
d'eau libre dans le brouilard et Rob a dû pendant un instant
se transformr en grimpeur de mât afin de deviner le chemin.
La visite de la base polaire polonaise, située sur la rive
nord du fjord nous a fait apprécier la chaleureuse hospitalité
des polonais qui l'habitent autour d'une bonne bouteille de Cognac.....
Explications de leurs projets scientifiques, de la vie dans ce coin
perdu où la nuit polaire est bien longue durant l'hiver,
présence omiprésente et dangereuse de l'ours polaire.....
Cette visite à terre fût pour nous le moment pour nous
d'armer nos fusils et de répéter les gestes de sécurité
inhérents au maniement des armes.... la dernière rencontre
avec le roi des lieux ne remonte qu'à quelques jours.
Carte n°7
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The
Imram Voyage 2004 - Integral 12.50 - ACAPELA, juillet 2004
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