La côte Est du Groenland


IMRAM, Lónafjördur - Islande, le 24 août 2003

Après une traversée agitée, Imram se retrouve à nouveau en Islande. Le
Groenland occupe encore notre esprit et nous sommes surpris pas les
conditions estivales ici dans les fjords du NW. La différence est
flagrante, tant d'un point de vue climatique que des paysages, beaucoup
plus arrondis et doux. La flore est luxuriante; pourtant la forêt la plus
grande que nous avons vu pour le moment est constituée de quelques boulots
nains de moins d'un mètre de haut. Tout nous paraît 'civilisé'. L'absence
de glace est à relever également. La plus grande différence tient sans
doute à la température de l'eau qui est de 10°C ici alors qu'elle n'était
guère au dessus de 0° au Groenland...

Autant la région d'Angmagssalik est belle, aventureuse, variée, protégée...
autant la côte au nord est d'un caractère beaucoup plus sévère, froid,
minéral, abrupte... arctique! Les abris sont plus rares, la glace beaucoup
plus abondante. Nous sommes conscients de notre fragilité dans ce milieu
hostile et pourtant d'une grande attirance par sa beauté et sa grandeur. Le
temps couvert qui s'est installé ne fait qu'ajouter au spectacle. Les
Instructions nautiques ne donnent que peu de renseignements sur ce morceau
de côte mais rappellent le nombre de navires ayant fait naufrage.

Steenstrup

Les glaciers Steenstrup déversent une grande quantité de blocs et
d'icebergs dans la mer qui derivent ensuite le long de la côte bouchant
l'accès aux abris éventuels.

Steenstrup mat

Après 24 heures de navigation au large nous approchons le Kangerdluggsuaq
dans l'après midi. C'est le dernier moment pour traverser les 25 milles
d'eaux encombrée de glaces pour trouver un mouillage convenable. Une petite
houle du sud s'est levée et fait chavirer les bergs. Pour les blocs encore
récents, cela aboutit souvent dans leur désintégration. Ces conditions nous
valent un passage avec une glace abondante, beaucoup de petits morceaux qui
nous posent aucun problème, mais très impressionnant par les blocs, souvent
gros comme une maison, tournant, plongeant, émergeant dans la houle tout en
s'entrechoquant. Autour de nous: d'immenses fronts de glaciers se déversent
dans la mer, de l'autre côté les icebergs qui se perdent dans la brume qui
est fréquente ici ... et des montagnes aux falaises noires s'élevant
verticalement de la mer sur des centaines de mètres.

Kangerdluggsuaq, cliquez ici pour agrandir !

Nous sommes rassurés de nous savoir sur un bateau solide et fiable. Ce
spectacle dure 3-4 milles, une bonne heure, puis progressivement la houle
se fait de moins en moins sentir, les passages entre les icebergs
s'élargissent nous laissant avancer à vitesse de croisière. Nous diposons
d'une description d'un mouillage d'une expédition voile et montagne de
1993. Nous finissons de localiser la passe parmi les glaces et découvrons
que le courant de marée a fait échouer deux petits bergs de part et
d'autre. Nous réusissons toutefois à nous faufiler de justesse entre les
morceaux pour découvrir enfin que le mouillage est déjà occupé ... par la
glace. Par chance, nous trouvons une petite baie abritée peu profond et
avec un fond de tenue raisonnable pas loin qui nous permet de rester
tranquilles pendant les quelques jours suivants que nous comptons consacrer
à la découverte de lieux.

Mouillage Suhaili

Une première promenade de reconnaissance nous fait découvrir de nombreuses
traces d'expéditions. De très loin nous voyons le sillage d'une barque à
moteur, présence que Dolores, restée à bord confirmera. Sans doûte, il
s'agit d'un chasseur groenlandais; un européen aurait été moins réservé et
nous aurait abordé au vu du voilier. Ce restera le seul signe de vie
humaine pendant notre séjour à Kangerdluggsuaq. Nous repérons également le
village, aujourd'hui abandonné et des stocks de fuel en fût considérables
(ce qui nous rassure quelque peu en vue de la perspective d'un hivernage
forcé, le départ est encore loin d'être gagné).

Le lendemain, nous mettons à profit ces repérages pour une visite sur
place. Nous nous déplaçons en Zodiac pour relier îlées et traverser fjords.
La découverte de près du village est décevante. Tout a été abandonné, les
roches sont couvertes d'un épaisse et nauséabond couche de vieille graisse
de phoque mélangée à des détritus de tout genre. Toutefois c'est un
véritable musée à ciel ouvert qui rende compte d'une tentative de
colonisation dans un lieu aux conditions de vie extrêmes.

Village abandonné

Un autre jour sera mis à profit pour une ascension d'un sommet sans nom.
Une belle course sans difficulté mais dans un isolement complet où le
moindre problème peut devenir fatal. Nous ne pouvons compter que sur nos
propres ressources.

Pierre fendue par le gèl

 

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Imram onboard mail.

 

ACAPELA, août 2003

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