Retour des randonneurs en fin de journée et départ
d'Imram pour Hinlopenstretet, détroit séparant le
Spitzberg de Nordaustlandet que nous traversons dans un temps record.
A la sortie sud, nous découvrons l'horizon bouché
pas des bancs de glace que nous décidons de contourner en
cherchant un passage abrité par une série de roches
et d'ilôts. Nous gagnons 10 milles vers le sud avant de nous
retrouver confrontés à un pack de plus en plus dense
ne laissant que des rares passages. Comme le vent continue de souffler
fort, nous n'entendons pas nous y engager, la manoeuvrabilité
étant réduite dans ces conditions et le risque de
compression élevé. Au bout d'un moment de recherches
infructueuses d'un passage libre, nous devons nous plier à
l'évidence que nous ne pourrons pas avancer plus loin. Demi-tour
qui est d'autant plus cruel que nous devons maintenant faire face
à une forte brise glaciale. Fini le confort. Nous luttons
pour regagner du nord. Le courant est fort et contraire. Il est
illusoire de vouloir remonter Hinlopen dans ces conditions; notre
vitesse effective est inférieure à 2 noeuds. Nous
décidons de chercher un mouillage abrité que nous
trouvons finalement derrière une presque île au pied
de Wilhelmsöya. L'ancre mord du premier coup! Heureusement,
car l'équipage accuse de la fatigue et le vent contunue de
souffler fort. Seulement une petite falaise abrite partiellement
la plage sur laquelle les Pétrels sont venus se reposent
du vol contre le vent.
Veille de mouillage obligatoire: à 100 le courant de Björnsund
débite de la glace à haute vitesse et il est hors
de question de chasser sur l'ancre. Sous le vent de l'île
dont les sommets se perdent dans des nuages lenticulaires spectaculaires
le vent déchire les nuages laissant passer quelques rayons
de soleil pour inonder le pont de notre bateau et les glaciers environnants.
Contraste!
L'attente sera payante. Nous prenons le temps d'étudier
les dernières cartes de glace que Dolores interprete à
distance sur l'Iridium. La situation ne s'améliore pas. Tout
est bloqué vers le sud. Riche de cette information et suite
à la baisse progressive du vent, nous arrachons finalement
le mouillage pour faire route vers le nord. Nous ne regettons pas
de repasser par le détroit que nous avons parcouru bien trop
vite. Le lieu est magique. Nous nous trouvons entourés de
montagnes basses et arrondies, couvertes de neige et de glaciers
qui se jetent dans la mer. Un fort sentiment de solitude nous gagne.
Aucune trace rappelle la civilisation. Nous nous sentons privilégiés
de glisser sous le silence des voiles à travers ce paysage
absolument parfait.
Les quarts se suivent pour aprécier le relief ensoleillé
progressivement de tous les cotés car le soleil décrit
une trajectoire presque circulaire autour de nous. Magie des phoques
et morses qui se bronzent sur les plages ou les floes (*), curieux
de voir passer un voilier par là.
(*) morceau de banquise de qq metres à des kilometres de
taille
Carte n°8
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Imram Voyage 2004 - Integral 12.50 - ACAPELA, juillet 2004
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