Depuis 36 heures, Imram fait cap au Sud. Nous nous trouvons quelque
part à 60 milles nautiques à l'ouest de Björnöya,
l'Ile aux Ours. Situation anticyclonique avec ondées orageuses.
La dépression qui stationnait sur le Cap Nord s'est finalement
décalée vers l'est et depuis 24 heures nous naviguons
sur une confortable allure de travers. L'eau se réchauffe
rapidement, de 1°C au Sitzberg à 9°C ici, et la température
de l'air monte, 2-4°C dans l'archipel, 11°C maintenant!
Les rayons du soleil chauffent la cabine et pour la première
fois depuis des semaines il y fait une température argéable
sans chauffage. La mer est bleue et une multitude d'oiseaux de mer
tournent autour du bateau qui avance à bonne allure et fait
chanter l'étrave d'ans l'écume.
Après une attente de deux jours passés à Longyearbyen
pour laisser passer un coup de vent d'est, nous larguons les amarres
pour descendre la côte jusqu'à Hornsund, dernier fjord
de la côte sud-ouest de l'ile. Cette fois-ci nous découvrons
réellement cet endroit spectaculaire qui nous fait mieux
comprendre le nom de Spitzberg, montagne pointue; le fjord est entouré
de sommets aux falaises verticales surgissant de la mer qui paraissent
encore plus impressionnantes plâtrés de la neige fraiche
des derniers jours.
Nous décidons de visiter le fond du fjord dont l'accès
avait été impossible il y a encore 3 semaines en raison
du pack et du brouillard. D'après les cartes nous y serons
entourés d'un impressionnant front de glacier.Avec stupeur
nous constatons que le recul des glaciers à fait apparaître
de larges bandes de roches et de moraines divisant le glacier en
de nombreuses parties... La diminution de la masse glaciaire doit
atteindre quelques 50% depuis un demi siècle!
Malgré l'éloignement, nous ne sommes pas le seul
voilier dans Hornsund. Nous croisons un ketch polonais et Vagabond
qui vient d'arriver au Spitzberg. Echange de quelques mots amicaux,
photos réciproques et promesses de rester en contact. Avec
2 ris dans la grand-voile nous tirons des bords à vitesse
modérée entre les glaçons pour resortir du
fjord qui est une véritable soufflerie dans laquelle une
petite brise se transforme en coup de vent.
Rencontre dans Hornsund: Vagabond (clic
= big)
Nous mouillons l'ancre dans Gashamna, baie abritée de la
rive sud à l'entrée du fjord pour les derniers contrôles
et préparatifs avant la traversée vers la Norvège.
Moment de découverte, nous rencontrons un petit groupe d'archéologues
dont la mission consiste à répertorier un ancien cimetière
de baleiniers menacé par l'érosion du glacier. Leur
tente s'est envolée lors du coup de vent des derniers jours,
le toit de la cabane de trappeur centenaire également. Dans
la région rôde une famille d'ours blancs affamée...
Nous sommes heureux de retrouver notre 'confort' à bord.
Dernier coup d'oeuil sur les cartes Fax météo qui
laissent prévoir une fenêtre météo favorable
à condition de rester à l'écart d'une dépression
se creusant sur le nord de la Norvège. Puis départ
à minuit.
En ce moment le parfum d'une tarte aux poireaux envahit la cabine.
Difficile de ne pas y résister... des nouvelles bientôt.
Carte n°9
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The
Imram Voyage 2004 - Integral 12.50 - ACAPELA, juillet 2004
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