IMRAM - 13 août 2003 - 66°08.9N - 35°23.9W
Imram trace
sa route vers le nord. C'est paradoxal puisque nous rencontrons
ce matin un groupe de chasseurs Groenlandais qui font route vers
le sud -
pour eux la campagne de chasse se termine. Les signes que l'été
touche à sa
fin sont là: nous avons à nouveau une nuit ce qui
nous oblige à nous
organiser en fonction des heures de jour, essentiellement pour des
raisons
de visibilité car il n'est pas pensable de s'aventurer près
de la côte
aveuglement. Même si les glaces ne gênent pas la navigation,
elles
constituent un danger pour le bateau, en particulier les petits
morceaux
qui sont peu visibles mais toujours suffisamment lourd pour causer
des
dommages soit à l'hélice ou aux safrans. L'autre danger
sont les nombreux
haut fonds et ilôts qui ne figurent pas nécessairement
sur les cartes de
navigation; en dehors de la région d'Angmagssalik, la meilleure
échelle est
au 1/400'000 (à cette échelle 1 carte couvre pratiquement
une superficie
comme la Suisse...) et en principe les zones à moins de 15
km de la côte ne
sont pas hydrographiées. Encore moins on y trouve une signalisation
maritime; un des seuls trois phares sur les 3000 km de côte
est se trouve à
l'entrée d'Angmagssalik, sa portée lumineuse est de
7 milles nautiques.
Une visibilité
convenable est donc un vecteur de sécurité important,
d'autant plus que le sondeur avant fonctionne de manière
souvent aléatoire.
A cela s'ajoute un décalage entre le point GPS et la carte
qui peut aller
jusqu'à un demi mille (~1km). Dans ces cas, le radar s'avère
très efficace
et permet également de détecter de petits morceaux
de glace pour autant que
l'eau est calme.
Après
un journée de repos, nous décidons de nous déplacer
vers le fjord
Sermiligaq ('là où il y a de la glace mais en plus
petit'). Une escale dans
le village de Kungmiut nous permet de refaire quelques vivres et
de revoir
notre ami Ulrich qui nous accueille chez lui avec un café
bien chaud.
Ulrich est une personnalité ayant participé à
bon nombre d'expéditions avec
des aventuriers venu du monde entier depuis une quarantaine d'années.
Il
nous fait découvrir la carte du Torre-Ulrich, sommet remarquable
nommé
d'après lui et publié dans l'annuaire du CAS (club
alpin suisse), alors que
Lisa se fait offrir un beau bracelet de perles traditionnel.
Plus tard dans
la journée, nous nous déplaçons vers le fjord
d'Ikateq ('là
où l'eau est peu profonde') où nous mouillons l'ancre
pour visiter une base
militaire américaine abandonnée. Déjà
de loin, nous aperçevons des champs
entiers de barils rouillés qui jonchent la côte. Au
fur et au mesure que
nous approchons, nous décourons une piste d'atterissage encore
en état
bordée par des ruines et restes d'engins et d'installations
datant des
années 40-50 - même les pneus des camions sont encore
gonflés. Cette base
servait de point de ravitaillement à la flotte aérienne
qui avait été
envoyée en Europe à la deuxième guerre mondiale.
Elle avait été abandonnée
aussi rapidement qu'elle n'avait été construite. Aujourd'hui
ce lieu est le
témoin de ce morceau d'histoire qui revit dans notre imaginaire
et nous
laisse songeur. Ce jour est le premier août; nous fêtons
l'anniversaire de
Rob et allumons un feu sur le quai d'embarquement abandonné
en pensant à
lambiance festive à Genève... l'odeur de la fumée
finit par attirer
l'attention d'un pêcheur local qui s'inquiète pour
nous. Nous pouvons le
rassurer.
Le lendemain,
après une nuit à veiller au passage incessant de blocs
de
glace, l'équipe montagne constituée de Claude, Rob
et Isabelle, préparent
leurs équipements pour un camp de 4 jours au pied du Kârale
Gletscher qui
leur permettra d'explorer en détail un massif sur la rive
sud. Nous montons
Imram vers un mouillage convenable et déposons l'équipe
au pied d'une
moraine où nous dénichons un endroit parfait pour
planter la tente. La vue
est splendide et la météo au beau fixe. Quelques soucis
de VHF déchargée et
de GPS égaré, mais finalement adieu aux amis avec
rendez-vous dans quelques
jours.
Ces jours, nous
les mettrons à profit pour visiter le campement d'hiver de
Paul Emile Victor à 60 milles au nord...
Suite du voyage
plus tard!
Amitiés
et à bientôt
Peter
Imram onboard mail.
ACAPELA, août
2003 |